La Vie – entre Bios, Zoé et force générative

La Vie – entre Bios, Zoé et force générative

La Vie n’est pas un objet mesurable. Elle ne se laisse pas enfermer dans une définition biologique ou mécanique. Elle palpite entre des polarités que les Grecs anciens nommaient : Bios, Zoé, Psyché, Poièsis…

La Vie, c’est le flux qui traverse, qui anime, qui transforme. Une force parfois douce, parfois torrentielle, mais toujours créatrice. Elle ne se réduit ni à la santé ni au corps. Elle nous dépasse.

Cette page relie les huit expressions de Vie aux fragments que j’explore : Kairos, bien sûr, mais aussi la force générative, le basculement actuel, car cette sagesse oubliée des mots qui donnaient à la Vie plusieurs visages, nous libère de notre passé.


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Peut-être que vivre commence là : quand nous redonnons à la Vie ses multiples dimensions.

La vie mesurable, biologique. C’est celle que les instruments peuvent quantifier. Elle appartient au temps, à l’évolution, à la fragilité. Elle appartient au cosmos, car ce sont les énergies cosmiques qui créent les formes, et non les parents. Au sens stricte, le Bios correspond à la vie intra-utérine, cette matrice qui focalisent les énergies cosmiques sur un point précis, le corps matériel.

Une fois expulsé de ce petit paradis, le corps Bios doit apprendre à gérer successivement la rencontre avec un monde extérieur. Pour ne pas le troubler dans cet apprentissage, il n’a pas encore de conscience de soi, ce qui fait qu’il est volontaire et coopératif, presque docile. Ceci ne l’empêche pas, de toute évidence, de ces crises de folie, comme se rouler par terre, à l’instar de ce robot chinois, lui non plus sans conscience de soi. Cette phase durera ce qu’elle durera, disons 3 à 5 ans.

L’âme vivante, mouvante. Psyché ressent, doute, rêve. Elle est la voix intérieure, parfois blessée, parfois lucide. Cette phase a fasciné le 20ème siècle qui a cherché à réduire la vie aux traumatismes psychiques. La première manifestation de cette psyché dans une vis coïncide avec le premier souvenir conscient, elle permet donc la conscience de soi.

La vie en tant que monde qui s’exprime autour de toute forme, soit-elle poussière, galaxie ou un etre. Zoé enseigne que vie et forme sont indissociable, que chaque forme a sa propre représentation d’un monde à lui, une force pure, inaltérable tant que la forme existe. Pour un chamane, il suffit de s’identifier à n’importe quelle forme pour faire un voyage dans ce multivers qui met fin à l’univers collectif humain imposé par la force de l’angoisse d’etre exclu. Zoé ne meurt pas. Elle mute avec le corps au moment de sa décomposition, elle pénètre donc chaque objet créé et montre que la conscience humaine n’a que ceci de spéciale qu’elle croit avoir le monopole, car pouvant la formuler par des mots.Mais, en fait: Elle est cette présence absolue et omniprésent que rien n’interrompt.

La vie qui crée des mots, d’accord, mais non pas pour communiquer, quel gâchis! Mais pour apprendre à former avec cette glaise extraordinaire, des mondes entiers en partant de rien, de presque rien, de quelques lettres, plutôt des consonnes que des voyelles, mais passons. Poïese donne forme, engendre, transforme. Elle est la source de toute création vivante, visible ou invisible.

L’amour inconditionnel. Agapè unit sans possession, relie sans attendre. Elle est la vie lorsqu’elle circule librement entre les êtres, le lien indéfectible qui fait son retour pour nous rattraper dans notre chute libre qui dure depuis 10.000 ans. Agapè n’est centré ni sur moi, ni sur toi, mais sur le lien: Ici la forme est toujours là, moi et toi existons toujours, mais nous sommes devenus observateurs qui ne se scrutent plus mutuellement, mais qui observent attentivement la magie des fils d’Ariane qui nous lient, qui nous guident désormais dans nos actes. Ainsi Agapè n’a plus besoin des formes bien que toujours présentes, n’a plus besoin de parole comme la Poïese. Elle est lien pure qui unit les opposés, elle est le neutre recherché. Je pense qu’elle se définit ainsi: Dans l’union intime de deux âmes, se révèle un troisième principe, discret mais puissant, l’égrégore, qui transcende la dualité et anime leurs actions.

La connaissance vécue, intérieure. Gnoses ne s’apprend pas, elle se révèle. Elle est une résonance, une reconnaissance silencieuse. Elle est l’omniprésence, l’omniscience, l’omnipotence dans un cadre qui dépasse les formes, qui dépasse les paroles, qui dépassent les liens, qui dépasse donc Zoe, Poïese et Agapè, qui, eux dépassaient déjà Psyché, Zao et Bios: Mais, bien entendu, ceci représente une pyramide est solidement porté par sa base.

Pour continuer cette métaphore, le tout, les sept manifestations de la Vie, ne flottent pas dans le vide. Ou justement, flottent dans le vide, ce qui est non-manifesté, ce que chacun de nous nomme différemment. Ce non-manifesté est en train de naître en chacun de nous. Il est l’union du non-manifesté et du manifesté. Il est ce qui viendra.