La plupart du temps, nous vivons dans un temps linéaire, mesuré, continu. Il s’appelle Chronos :
c’est l’heure de la montre, le calendrier, le déroulement prévisible des choses.
Mais il existe un autre temps, plus rare, plus subtil. Les Grecs l’appelaient Kairos.
C’est le moment juste : celui où une parole guérit, où un geste touche, où un silence fait sens.
En thérapie, le Kairos n’est pas une technique. C’est une disponibilité. C’est l’art de reconnaître le moment où l’autre est prêt — ou plus exactement, où quelque chose en lui s’ouvre. Et où une intervention minimale peut avoir un effet maximal.
Cela peut être :
• une phrase qui surgit
• un regard qui se pose
• un changement de rythme dans la voix ou le souffle
Le Kairos est souvent imperceptible. Il demande moins du savoir que de l’attention. Il ne se provoque pas, mais se perçoit. Il est comme un courant faible dans un champ plus vaste — un appel discret au bon moment.
Le Kairos ne supprime pas le Chronos. Il l’éclaire de l’intérieur. Il est le moment où l’histoire bascule sans effort, par coïncidence intérieure.
La guérison ne se mesure pas en heures, mais en instants. Le Kairos est l’un de ces instants.