Nous adultes, nous avons le concept de corps multiples. Un corps physique, psychique, énergétique, émotionnel, spirituel, social, global et ainsi de suite: tout dépend de notre ouverture. Nous évoluons sans répit dans cet entourage mouvant, mis en mouvement par nos propres croyances changeantes. Pris par cette dynamique, nous oublions facilement de jeter un regard curieux pour comprendre cette évolution en nous.

On peut distinguer trois stades :

1. Un bébé vit dans un tout autre monde que nous, adultes. Son monde est fait de sensations pures où tout est unifié; car l’expérience et la connaissance des corps ou objets avec des limites quelconques lui manquent. Il fait un avec le tout. Ceci est un atout indéniable, car la fragilité que cette ignorance procure, lui assure en règle générale la bienveillance de ses proches ! Mais quelle dépendance !

2. Stade intermédiaire : Pour en finir avec cette dépendance, nous nous replions tous d’abord dans un corps physique, que nous appelons le nôtre. Nos forces physiques sont insuffisantes pour voir plus grand. Alors nous continuons à construire ce monde d’objets que les adultes autour de nous nous ont vanté; d'objets séparés dont il suffira ensuite de prendre possession en se battant contre les autres ; ceci est le modèle parental/sociétal qui nous donne l'illusion de mettre fin à notre dépendance en dominant un chaos environnant objectif. Le prix à payer est un sentiment de solitude que nous connaissons tous car nous sommes tous passés par là ! Un sentiment d’abandon nous poussera vers le troisième stade que très peu d’adultes mettront en place, plus ou moins consciemment et avec plus ou moins de succès.

3. Troisième stade : Se lancer dans une aventure, celle de construire autant de corps multiples qu'il y a d'objets dans le monde. Ceci nous permettra de voir dans chacun de ces corps des visions possibles de soi-même; ainsi, chaque corps/objet enrichit notre existence.

Face aux multiples corps ainsi créés, nous commençons à les rassembler en un tout cohérent, en faisant un tri d’après nos aspirations profondes, nos désirs les plus chers. Certaines choses vont disparaître à tout jamais, d’autres trouveront une place privilégiée dans nos cœurs.

Ce mouvement ne se passe pas sans symptômes et celui qui déclare fièrement qu’il va absolument bien et qu’il n'a aucun symptôme, s’est enfermé dans ses habitudes et pire, sans symptômes son propre corps lui est resté étranger.

Car, dans cette vision, si les symptômes n’ont bien aucune valeur pathologique (et la preuve en est qu’ils disparaissent en temps voulu comme par enchantement), ils nous guident sur un chemin sinueux, parfois raide et parfois agréable ce qui devient rapidement secondaire quand nous comprenons que ce chemin pointe dans la bonne direction, la nôtre.

Il nous mène vers le Tout cohérent que le bébé aperçoit sans en prendre conscience. Cette conscience avait besoin de ce tour d'horizon qui nous ramène vers nos débuts et s'arrète là où il a commencé, mais non comme un cercle, mais comme une spirale.